vendredi 18 mars 2011

Kadhafi ciblé par le conseil de sécurité de l'ONU

Mieux vaut tard que jamais. Le conseil de sécurité de l'ONU a autorisé hier soir le recours à la force en Libye pour s'opposer à la violence du régime libyen sur ses propres citoyens, faisant suite à une résolution franco-anglo-libanaise. 10 membres ont voté pour, deux membres permanents, la Russie et la Chine se sont abstenues sans faire usage de leur droit de veto (1).
Concrètement, donc, en accord avec cette résolution, des pays peuvent désormais faire usage de la force légitime sur les moyens militaires du dirigeant libyen.
La France a pris, depuis plus d'une semaine, toutes les mesures pour se mettre en mesure d'ériger une zone d'exclusion aérienne, et de frapper des sites au coeur du système de défense libyen. Le rapatriement des Mirage 2000-5 basés à Lann-Bihoué, révélé sur le blog de Philippe Chapleau ne serait pas, de fait, une économie, mais bien une réaffectation prioritaire vers le sud, où se situe l'axe opérationnel actuel.
Avec "seulement" trois escadrons d'intercepteurs purs sur Mirage 2000C/-5 (1.12 Cambrésis, 1.2 Cigognes et 2.5 Ile-de-France, également chargé de la formation), il n'y a plus de raison de distraire le moindre appareil d'une mission prioritaire.
Surtout quand on entend dresser une zone d'exclusion aérienne qui peut s'avérer gourmande en intercepteurs, précisément (2). Avec deux à trois ravitaillements, un Mirage 2000C peut tenir jusqu'à six heures en vol, soit quatre heures à proximité immédiate de la zone d'intérêt.
La problématique est un peu différente en matière d'avions de bombardement, avec là aussi trois escadrons spécialisés basés à Nancy (1.3 Navarre, 2.3 Champagne, 3.3 Ardennes), et évidemment, les deux escadrons de Rafale (1.7 Provence, 1.91 Gascogne), qui disposent également de capacités de défense aérienne bien connues.
Traditionnellement, le centre national de ciblage (CNC, créé après le Kosovo) est mis à contribution, mais c'est bien le CPCO, la célèbre "cuve", qui doit bien fourmiller à cette heure, qui propose les listes de cibles, en lien avec le CDAOA.
Comme on ne pouvait pas s'y attendre, les frappes pourraient ne pas intervenir dès cette nuit, vue la nécessité quasi-incontournable d'y associer des moyens issus de la ligue arabe. Faut-il entendre une logistique (utilisation de terrains) ou des aéronefs, il faudra sans doute encore attendre quelques heures pour voir ces points précisés. Tout comme, évidemment, la forme que prendra la rétorsion de la communauté internationale contre le colonel Kadhafi, et quels éventuels nouveaux leaderships en sortiront.
Un apparaît très évident : après avoir signé un destin commun en matière de défense, France et Grande-Bretagne apparaissent (aussi) comme les moteurs d'une diplomatie européenne une fois de plus à la peine. Ou, serait-il plus exact de l'écrire, de la diplomatie en Europe. La dernière fois qu'une telle union sacrée, à deux, avait été scellée en opérations, c'était en... 1956, à Suez.
Avantage, les deux pays engagés actuellement dans un exercice d'ampleur, Southern Mistral (3), ont tous les moyens sous la main, PC compris. De quoi pouvoir, potentiellement, aller assez vite.

Rappelons que tous les posts relatifs à la Libye écrits sur ce blog sont lisibles ici.

(1) à cause d'un souci de SNCF, je n'ai pas pu réagir plus vite au vote (sabotage...)
(2) ou que le même colonel vous prédit les pires malheurs si vous vous attaquez à lui. Même si dans l'absolu cela peut préter à sourire, il n'est pas inutile de prendre quelques précautions sur la défense aérienne du grand sud-ouest, où même un Sukhoï fatigué peut trouver facilement quelques cibles civiles ou militaires.
(3) coïncidence, le site internet qui devait évoquer la progression de l'exercice, en carafe depuis lundi, est réapparu, hier.