mardi 6 septembre 2011

Des clopinettes (ou presque...)

Après les scolaires, le ministre de la défense a fait lui aussi sa rentrée et ses comptes, chiffrant à 330 MEUR la facture de l'opération Harmattan. On ne sait pas trop bien ce que recouvre ce chiffre, et encore moins comment il a été calculé. Prenons-le cependant pour argent comptant, pour le comparer à des chiffres mieux établis car ce chiffre ne parle à personne. Par contre, cette facture représente ainsi :
. 73% du prix d'un BPC,
. presque autant que le surcoût du théâtre afghan en 2009 (387 MEUR),
. 1,3 fois le montant des urgences opérations en 2009,
. 2,2 fois le coût estimé du programme de lance-roquettes unitaires,
. 2,6 fois le prix d'un escadron de Leclerc,
. 3,3 fois le montant des commandes d'AT4CS en 2011,
. 4,4 fois le montant annuel de la présence militaire de la France aux EAU,
. un peu plus de 5 compagnies sur VBCI,
. près de six fois le coût de fonctionnement de l'ETEC en 2009,
. plus de 8 batteries Caesar,
. environ 13 Tigre,
. 25 hôpitaux rôle 3 type Kaboul,
. 660 embaracations Ecume pour commandos marine,
. 110 VBCI,
. plus de 8.700 heures de Patrouille de France.
Traduit ainsi, évidemment, cela donne le tournis. Rappelons que les factures sont normalement payées par une enveloppe elle-même abondée par la réserve interministérielle, plutôt que de taper, comme à l'habitude, dans le budget "équipements" (1). Néanmoins, il y a toujours des sceptiques sur l'état d'abondement de cette réserve, et particulièrement par les temps de rigueurs budgétaires. Evidemment, on pourra toujours me rétorquer que ces opérations ont sauvé des vies libyennes (c'est évident), démontré l'excellence de nos matériels et de nos militaires (je n'avais pas trop de doutes), et que nos grands groupes vont y gagner. On aura cependant du mal à gagner en impôts sur les sociétés ce qu'on aura perdu de l'autre.
Vu le contexte, on pourrait même présenter une facture pour ces 330 MEUR (2).
A suivre...

(1) ce que le Premier ministre vient de faire, mais pour la bonne cause : régler une vieille dette taïwanaise. S'il vous manque du matériel, vous pouvez donc écrire aux responsables politiques et économiques qui étaient aux affaires à l'époque du contrat en question : eux n'ont rien payé.
(2) l'Arabie Saoudite avait, rappelons-le, réglé pas mal de factures, en 1990-1991. Et à la même époque, des pays qui ne s'étaient pas engagés militairement -Allemagne, Japon- en avaient aussi réglé quelques autres. A qui, dès lors, présenter notre facture : à l'Allemagne, membre de l'OTAN qui a brillé par son absence, ou la Libye, pays riche ? Ou à l'ONU, qui avait voté la résolution qui a tout déclenché ?