mercredi 2 mai 2012

Billet : merci Greenpeace ! (actualisé-1)

Cruelle, amère, ... utile. La démonstration effectuée par Greepeace ce matin dans une centrale nucléaire d'EDF sonne en forme de rappel. Elle est évidemment cruelle et amère, car le système français de protection des sites sensibles est sans doute un des plus aboutis au monde, si ce n'est le plus abouti. Il s'est bâti sur les ordonnances de 1959 (1), puis sur les vols nocturnes du Baron Noir, les dispositifs particuliers de sûreté aériennes (DPSA), et évidemment, les leçons du 11-septembre. En permanence, 24 heures sur 24, plusieurs centaines d'aviateurs veillent dans le cadre de la posture permanente de sûreté. Des officiers de liaison "police" assurent la fluidité du renseignement avec le ministère de l'Intérieur, au CNOA (2). Mais ce matin, personne, police, gendarmerie, aviateur, n'a vu les choses venir.
Le 11-septembre est loin, et il a été demandé aux aviateurs d'adapter leur posture à la baisse. Tout contrat opérationnel a un coût, et celui de la sécurité à 100% est hors de portée des priorités du moment.
La réalité est là : ce matin, un paramotoriste de Greenpeace a pris le système en défaut à 7h38. Il a posé dans l'enceinte de la centrale, a percuté un fumigène. Il a fallu huit minutes pour l'interpeller. Une démonstration qui arrive après celle de décembre, dans l'Aube.
La protection des centrales est avant tout fondée sur un système dissuasif, mais on voit que la peur du gendarme -ou du Mirage 2000- ne suffit pas à dissuader. Et la démonstration du jour risque de susciter des vocations. D'autant que Greepeace affirmait ce matin qu'elle avait pu aussi survoler en toute impunité le site de La Hague. A ce stade, ni l'armée de l'air, ni le ministère de la Défense n'ont réagi à ce fâcheux précédent.
Les uns dénonceront une démonstration absurde et irresponsables, les autres -dont je suis- évoqueront un rappel à l'ordre qui ne doit pas rester sans suite, et ne doit inciter qu'à renforcer le degré de vigilance, et donc, les investissements. EDF verse 70 MEUR par an à la gendarmerie pour la sécurité de ses centrales, il n'y aurait donc rien d'insupportable à accepter des fonds pour renforcer aussi le volet aérien.
L'hélicoptère étatique le plus proche, ce matin, était à Lyon, à 30 km de là : c'était un engin de la gendarmerie. L'hélicoptère le plus proche de l'armée de l'air -en charge des mesures actives de sûreté aérienne (MASA)- était à Orange, donc très loin de Bugey.
En tout état de cause, la démonstration de ce matin est fonctionnelle : c'est sur les exploits du Baron noir qu'ont été mises en place les MASA. Qui méritent donc une petite actualisation, ou comme dirait l'autre, plusieurs coup de filet.


(1) signées par Charles de Gaulle. Fut un temps, leur copie figurait dans le bureau du patron de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA). Ne l'ayant pas fréquenté depuis longtemps, je ne saurais dire s'il y figure toujours.
(2) basé à Lyon Mont-Verdun, à quelques encablures du Bugey, le centre national des opérations aériennes (CNOA) fusionne le renseignement d'intérêt air (notamment les données des radars terrestres et aériens), et assure la conduite des opérations aériennes, dont, celle de la PPS.

Actualisé : la P.O d'Orange a bien été scramblée semble-t-il, mais trop tard pour être efficace.