mercredi 19 mars 2014

Aux Echos ce matin

Les armées doivent rester attentives aux idées des industriels, et... les industriels doivent écouter les
spécifications des militaires qui sont fondées sur une forte expérience opérationnelle, une chose finalement rare dans les programmes d'armement en Europe. Le général Beaudoin, patron de la STAT a dû trouver des oreilles attentives ce midi (1) en présentant sous cet angle pas courant le programme Scorpion, ainsi que quelques réalités de l'équipement de l'armée de terre, dans le temps-record imposé de 15 minutes. Ce cavalier a notamment reconnu que les armées devaient rester humbles devant certains exemples livrés par l'histoire récente, le plus connu étant celui du Caesar (2), dont l'armée de Terre ne voulait pas à l'origine. Elle n'arrête pas, depuis, de s'en féliciter, tout comme Nexter : c'est son matériel le plus exporté ! Là où le VBCI taillé sur mesures pour l'armée de terre attend toujours son premier client : le patron de la STAT a expliqué que ce matériel était pourtant le mieux classé au Canada, où d'autres considérations l'ont emporté.

Le général Baudoin a aussi présenté Scorpion comme un pari sur les coûts de possession, qui seront particulièrement structurants sur cette opération. Au risque, sinon, de voir des militaires équipés de matériels qu'ils ne peuvent utiliser, du fait d'un coût de fonctionnement trop important ou d'une disponibilité vacillante (3). L'opération Scorpion ne devra pas coûter plus de deux fois le programme VBCI a-t-il aussi rappelé.
Enfin, répondant à votre serviteur, il a expliqué que le manque de matériels issus de l'adaptation réactive d'Afghanistan, au Mali, était lié au fait que les kits avaient à l'époque été achetés en nombre trop limité -une douzaine par exemple pour les VBCI...- et usés par quatre années d'opérations cinétiques en Afghanistan. Il n'en restait donc plus pour la charge du GTIA1 vers Tombouctou et Gao, en janvier 2013. Mais, a-t-il noté, les matériels modernes sont arrivés dans un second temps.

(1) au colloque annuel organisé ce jour par Les Echos.
(2) dans la salle, quelqu'un a dévoilé une autre acceptation pour ce sigle (assez vraisemblable) : Canon Acquis par une Envie Subite d'Alain Richard (qui était mindef à l'époque). J'avoue ne pas me rappeler de la signification du signe officiel...
(3) un des exemples les plus connus est le Leclerc, mais le Tigre est aussi concerné (et le sera encore plus demain avec encore moins de Tigre en service...), et les premiers résultats des visites périodiques de Caïman ne semblent pas non plus très encourageants pour l'avenir.