mardi 24 octobre 2017

RTD : l'Etat a-t-il vraiment joué son rôle ? (et RTD, le sien)

Un peu sonné comme KNDS et CMI par la volonté de Volvo de ne plus vendre sa filiale VGGS (dont
le plus morceau est RTD), l'Etat -premier client de RTD- a-t-il pour autant bien joué son rôle ?
A bien y regarder, plusieurs contrats contrats du ministère (PLFS, VLFS, VLTP-NP, rénovation VBL, Griffon, Jaguar, et demain, VBAE peut-être) ont été attribués à une société qui devait être vendue, il était donc assez logique que l'actionnaire suédois se dise que sa société prenait de la valeur. Et donc, refuse, dans son esprit tout du moins, de la brader. Problème, Volvo a sans doute a été mal renseigné, RTD ne vaut pas ce qu'il en réclame : quasiment deux fois plus que la valeur réelle.
D'ailleurs, Nexter/KNDS et le Belge CMI Défense ont remis des offres quasiment identiques, c'est dire à quel point les avis convergent.
En attribuant des contrats à VGGS, le ministère de la défense a donc contribué à brouiller le jeu. Alors même qu'il va devoir, bientôt, rentrer dans la maille de son partenariat avec la Belgique, pour les Griffon et Jaguar (sur lesquels les promesses de retour industriel sont évidemment déjà faites). Parmi ces contrats, celui sur VLTP-NP (choix décidé par l'Etat, et produit par RTD à partir d'une plateforme civile) interroge, alors qu'une approche moins programmatique, réalisée par l'UGAP, donne entière satisfaction à l'armée de terre, avec le MASSTECH, réalisé par une PME (c'est donc possible).
Plus d'une centaine de millions d'euros sont aussi confiés à RTD pour au moins deux (sinon trois) véhicules destinés aux forces spéciales. Le premier, le PLFS (poids lourds) inquiète grandement les forces spéciales, qui auraient dû recevoir 25 véhicules opérationnels en février, avec déjà plusieurs mois de retard.
Or le retard se creuse, puisqu'à peine arrivés, ces véhicules sont repartis chez l'industriel. Les forces spéciales, qui ont initié ce véhicule, étaient arrivées à 90% de performance recherchée dès 2011, grâce à un simple partenariat avec l'industriel sur le Sherpa, grâce à l'expertise du 1er RPIMa. Pourquoi sa transformation en programme d'armement en a fait un véhicule qui n'a pu entrer en service à ce jour ? D'autres surprises sont-elles à attendre sur le VLFS (qui remplacera les véhicules légers), ou sur d'autres produits ?
Dans un papier consacré à ce dossier, mon confrère Michel Cabirol évoquait hier, pour sa part, des problèmes de qualité rencontrés par l'armée de terre.
Il est bon de le rappeler, RTD est en effet un fournisseur majeur de cette armée de terre, et l'Etat français est tout simplement le premier client de RTD (comme de tout l'armement français, rappelons-le). Un double état de fait qui donne une responsabilité à l'industriel, à son actionnaire. Or, la justification actuelle de l'actionnaire, finalement, est que la valorisation actuelle n'est pas suffisante, et qu'il vaut mieux attendre des jours meilleurs. Un actionnaire étranger qui bloque une restructuration essentielle, sur des programmes essentiels pour la défense française : un sujet qui n'a donc pas été suffisamment pris à bras-le-corps, à Paris.

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