mercredi 11 avril 2018

Et "la LPM à hauteur d'homme" dans tout ça ?

On l'a vu dans le post qui précède, l'état de l'existant ne permet pas à la France d'avoir un rôle de tout
premier plan dans une frappe en Syrie, même si elle ne joue pas non plus les supplétifs.
Dans la liste à la Prévert évoquée, j'en ai oublié les ravitailleurs, qui sont évidemment essentiels à la manoeuvre aérienne (une bonne demi-douzaine d'américains en vol actuellement dans la zone Méditerranée).
On le sait, l'état de cette flotte en France est désastreux, alors même que sans ravitailleurs en état, il n'y a ni composante aérienne de la dissuasion. Ni opérations aériennes tout court.
Pour mettre en vol des Rafale de France, il faudrait donc soit claquer le contrat de la dissuasion (sans le dire, évidemment) et prier pour que les duristes ne percent pas. Soit faire appel aux Américains. Et évidemment, se poser pas trop loin, genre en Jordanie, en Crète...
La LPM donne un peu de marge dans le domaine des tankers, mais contrairement à une idée reçue, les trois avions en rab (prévus à l'origine sous l'état d'option) arrivent après la fin de la LPM. Et l'armée de l'air aurait apprécié 18 tankers au lieu de 15. Pour pouvoir honorer tous les contrats opérationnels de ces avions.
Sauf si un(e) député(e) hardi(e) s'en mêle, on ne devrait pas entendre parler non plus à court terme d'antiradar dans la LPM actuelle, un mot tout juste chuchoté sans euros en face.
Sur le format de la chasse, je laisse là aussi un(e) député(e) hardi(e) poser la question qui fâche sur les formats de l'aviation de chasse, comprendre, les avions, et ceux qui les montent. Là aussi, pas de gras. S'il fallait s'installer dans une guerre, avec des pertes, tout cela serait bien court, faute de combattants. Une récente séance de calculs éclairante rappelait qu'une force aérienne de 200 avions (aucune ressemblance avec une qu'on connaisse, non non non...) dont la dispo moyenne serait de 50% et qui volerait trois missions par jour (une belle cadence quand même) pendant trois semaines se retrouverait vite en difficulté.
Avec un simple taux de perte de 1%, 2% et 3%, il lui faudrait respectivement 7,7 ans, 10,2 et 11,6 ans pour reconstituer son format d'origine, en partant sur une capacité de renouvellement de 10 avions par an. Et à court terme, la force aérienne en question (qui a une dissuasion à tenir, une police du ciel, des chasseurs prépositionnés, etc) n'aurait plus que 53, 28 et 14 avions en mesure de reprendre l'air, en adoptant les taux d'attritions évoqués (qui n'ont rien d'exceptionnel).
Sur les munitions, la LPM fait aussi le minimum syndical. La cible de Scalp-EG rénovés est minimale, et le nombre de MdCN commandés ne bouge pas d'un iota. Alors que le monde a bien changé depuis le début de ces programmes (retour des états-puissances, etc).
Ces quelques petites réalités en donneraient presque envie de réécrire les priorités la LPM.

Mes infops et photos sur le twitter @defense137.