mercredi 11 avril 2018

Le maître-espion suisse... qui venait de Paris

La lette d'informations spécialisée Le Monde du Renseignement le donnait favori : c'est fait, le
général Jean-Philippe Gaudin (57 ans), attaché de défense de la Suisse à Paris (Bruxelles et Luxembourg aussi), et doyen des attachés de Paris, est nommé directeur du service de renseignement de la Confédération. Il prend ainsi une place laissée vacante depuis la fin de l'année.
Dans un parcours entièrement dévoué au monde du renseignement, le général Gaudin arrivait avec un semi-handicap : il est militaire, et le SRC n'a jamais été confié à un militaire (on a les mêmes réticences en France).
Seulement, le parcours de ce francophone aura parlé pour lui face aux deux derniers candidats (également francophones). On disait, par ailleurs, que l'ancien directeur du service de renseignement militaire (sept ans indéboulonnable au poste !) avait les faveurs de son ministre de la défense, Guy Parmelin. Il avait déjà eu les faveurs, en France, de plusieurs DRM successifs : avant de prendre sa place à Berne et de réformer son propre service de renseignement militaire, il avait eu l'incroyable autorisation de pouvoir évoluer un an (2007-2008) dans la DRM française.

A Paris, le général Gaudin a donc été un adroit partisan des relations franco-suisses dans le domaine du renseignement. La confédération est en effet active dans les Balkans, où Paris n'a plus vraiment d'expertise. Berne va aussi embarquer sur le programme CSO. Plusieurs gros dossiers restent encore sur le bureau, dans le domaine de la coopération industrielle (Rafale, PC-21, et autres) et opérationnelle.
Dans le diplomatico-gris, le doyen des attachés de défense -désigné par le général François Lecointre dont il fut camarades de promo à l'IHEDN, et non par son âge- a dû aussi ménager chèvre et chou dans la population des représentants étrangers à Paris. Calmer russes et ukrainiens qui voulaient s'étriper, gérer les susceptibilités des uns et des autres, bref, un concert international qui ressemble un peu aux jam sessions qu'il a entendues à Montreux, comme régisseur du festival de jazz (1983-1986). Bref, si le SRC gagne un patron atypique, Paris perd assurément un élément qui sera difficile à remplacer.

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